TU NOMBRE ME SABE A TANGO

La embriaguez de la música en vivo y las palabras cantadas traen al presente aquellos duelos guardados en el último cajón de la memoria:  las  batallas  perdidas, las  huellas  borradas, los  amores frustrados  y  aquellos conseguidos… todo se evidencia, todo vuelve, como si la música consiguiera que el ayer fuera hoy, aún y todavía.  El  tango  les  revela  el  pasado y  los  enfrenta  al  presente  con alevosía.  El tango es pasión, arrebato, arma letal. 

En esta nueva creación, Tino Fernández ha querido indagar un género específico como es tango, pero abordado desde el lenguaje contemporáneo en la danza, en contraposición con un repertorio de tangos clásicos, que ponga en evidencia los impulsos que mueven el cuerpo, más que los pasos o movimientos. Un equipo artístico conformado por dos bailarines de tango y cuatro bailarinas; dos cantantes (Victoria Sur y Edwin Roa), así como la banda del sin igual bandoneonista Giovanni Parra: el quinteto Leopoldo Federico.

The elation of the live music and the words of the singers bring to the present the grief that’s saved in the last draw of the memory: the battles lost, the erased tracks, the frustrated loves and those that are attained…. Everything is evidence, everything comes back, as if the music was able to capture yesterday as though it were today, still and yet. Tango reveals to us the past and confronts us with the present with a premeditation. Tango is a passion, a catch, a lethal weapon.

In this new creation, Tino fernandez sets out to investigate a specific genre of dance, such as the tango, but approaching it from a contemporary dance language set in contrast with a repertory of classical tango music. Bringing out the impulses that move the body, rather than steps or movements. The team is formed of two tango dancers, four contemporary dancers, two singers (Victoria Sur and Edwin Roa), and the band ´El Quinteto Leoplodo federico´ lead by Giovanni Parra.

PRENSA:

« Tu nombre me sabe a tango », par la Compagnie L’Explose

Visiblement inspiré de la chanson Tu nombre me sabe a hierba du Catalan Joan Manuel Serrat, célèbre dans toute l’Amérique du Sud pour sa musique et son engagement progressiste, le nouveau spectacle de la compagnie L’Explose présenté à la Maison de la Danse de Lyon rend un séduisant hommage au tango populaire argentin des années 50.

Ce sont pourtant des danseurs originaires de la ville colombienne de Bogota – où est installée la compagnie – dont les fameux Ivàn Ovalle et Carlos Julio Ramirez, qui mènent ici la danse (la pièce est d’ailleurs proposée dans le cadre de l’année France – Colombie).

Depuis la mort à Medellin du mythique chanteur et compositeur Carlos Gardel, « le tango est en effet un genre très important en Colombie » selon les mots mêmes du directeur et chorégraphe Tino Fernandez. A rebours de la démarche quelque peu racoleuse de shows façon Tango Passion, ce dernier a choisi de porter sur cette danse des mauvais garçons la même acuité de regard que celle qui, depuis vingt ans, préside à ses créations. Après avoir abordé en 2000 les relations entre tango et boléro dans « Sé que volveras », il se penche cette fois sur les relations de couple et la passion amoureuse à l’œuvre dans ce langage des corps. Porté par la volonté d’« aller au plus profond des entrailles pour que les jambes entrelacées du couple nous racontent ce qu’il y a réellement à l’intérieur ».

Avec, sur le plateau, la présence du Quintette Leopoldo Federico mené par le bandoneonista Giovanni Parra, en fond de scène quelques projections de films d’époque tournés à Buenos Aires, et dans l’air les voix envoûtantes de Victoria Sur et Edwin Roa, le spectacle enchaîne plusieurs tableaux dansés, entrecoupés de quelques morceaux de musique pure. Duos homme – femme, pas de deux homme – homme, quartets féminins et ensembles se succèdent, en réussissant chaque fois l’exploit de surprendre et renouveler l’intérêt. Cela tient bien sûr à la maestria dont font preuve les six interprètes, en particulier les quatre femmes pourtant issues de la danse contemporaine, mais aussi à l’ingéniosité du chorégraphe, qui brouille intelligemment les lignes.

Reprenant tous les codes du tango, n’omettant aucune figure virtuose, il parvient toutefois à épurer le folklore habituellement chargé des bas-fonds de Buenos Aires pour livrer une interprétation à la fois personnelle et profondément authentique. Finement élégant sans être désincarné, son tango joue à fond la carte d’une séduction charnelle instinctive et en même temps subtilement distanciée.

L’accueil plus que chaleureux du public lyonnais ne trompe pas : Tu nombre… est un spectacle qui fait du bien, une parfaite antidote à la grisaille hivernale.

Isabelle Calabre

Vu le 17 novembre à la Maison de la Danse de Lyon

En tournée le 30 novembre au Théâtre de Roanne, les 4 et 5 décembre à la Comédie de Valence et le 8 décembre à La Mals de Sochaux.